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Itinérance : pourquoi choisir une plateforme

Présente dans plus de 10 pays, forte d’un réseau de 180 opérateurs et de plus de 80 000 points de recharge, GIREVE est la première plateforme d’itinérance en Europe. Suite à son expansion européenne lancée il y a deux ans, son CEO Bruno Lebrun et son CTO Jean-Marc Rives reviennent sur l’expansion Européenne commencée il y a deux ans et sur l’importance d’une plateforme pour accélérer le développement de la mobilité électrique.

Aujourd’hui GIREVE connecte des opérateurs dans toute l’Europe. Le paiement par opérateur est-il appelé à se développer plutôt que le paiement par carte bancaire ?

Bruno Lebrun: L’accessibilité et le paiement peuvent être effectifs par paiement direct, c’est-à-dire en utilisant une carte bancaire, mais cette solution est peu adaptée à la recharge d’un véhicule électrique :

En effet, un plein d’essence dure quelques minutes pendant lesquelles le conducteur est contraint de rester à proximité du véhicule. Une recharge de véhicule électrique dure une dizaine de minutes, voire quelques heures. Le conducteur ne restera pas devant le véhicule pendant toute la durée de la charge. Il aura donc besoin de suivre sa recharge à distance, être informé de l’avancée, des incidents, et du prix, afin de pouvoir l’arrêter si besoin.

Ce type de service est compliqué à mettre en œuvre avec un paiement carte bancaire qui est anonyme, n’identifie pas le conducteur ni le véhicule. La carte bancaire permet le paiement, mais se révèle finalement pauvre en termes de service, à commence par celui qui consiste à trouver une borne libre !

Cela va se vérifiera encore plus lorsque la recharge dite « intelligente » se développera : dans ce contexte, l’utilisateur donnera complément la main à son opérateur pour répondre au mieux à ses besoins de charge tout en se rémunérant sur des flexibilités offertes au réseau électrique : là encore, il est impératif que l’usager et son véhicule soient identifiés ce qui est impossible avec une CB. Enfin, avec le « Plug&Charge » rendu possible par la norme 15118, c’est la voiture qui s’authentifie automatiquement et de façon sécurisée avec la borne. Dans ce cas de figure, mettre la main au portefeuille et sortir sa CB n’est même plus nécessaire.

La question de l’itinérance des services devient centrale à l’aune de la massification du véhicule électrique.

Quel est le rôle de GIREVE et comment la plateforme se positionne-t-elle par rapport à ces évolutions ?

Bruno Lebrun:

GIREVE permet l’intermédiation entre l’opérateur de services qui a des clients conducteurs de véhicules électriques, et l’opérateur de recharge qui gère un réseau de recharge : c’est-à-dire que nous nous situons entre celui qui a un véhicule électrique à charger et la borne de recharge qui peut le charger.

Ces opérateurs se comptent par centaines en Europe. Ils doivent donc échanger des données et des services pour que l’usager de l’un puisse se charger sur la borne de l’autre. GIREVE gère pour eux cette complexité contractuelle, opérationnelle et technique.

Avec le développement de la mobilité électrique, les opérateurs étendent leurs activités dans toute l’Europe. Les opérations sont donc de plus en plus complexes et les partenaires de plus en plus nombreux. Cela rend notre plateforme d’autant plus attrayante.


La plateforme GIREVE permet une connexion en OCPI, protocole généralement utilisé pour des connexions bilatérales. Quel est alors l’avantage de la plateforme si le protocole reste le même ?

Jean-Marc Rives: Un protocole d’échange de données ne va pas, à lui seul, régler la complexité des échanges contractuels et techniques à établir entre plusieurs dizaines ou centaines d’opérateurs. Dans ce contexte, la question du protocole est finalement assez secondaire. Pour un opérateur, la question centrale est celle du « make or buy » : suis-je capable de gérer moi-même et à coût raisonnable les liens avec des centaines d’opérateurs, là où une plateforme mutualise cette charge pour tous ses clients ? Ensuite quelle que soit l’option retenue, la question du protocole et des services qu’il rend possible se posera.

Si les plateformes du marché comme GIREVE arrivent à proposer un service attractif en ne captant qu’une part raisonnable de la chaine de valeur, elles trouveront leur marché.

Pour nourrir cette réflexion, je voudrais souligner l’apport principal d’une plateforme dans la gestion des interactions techniques entre opérateurs. Une plateforme comme GIREVE encaisse les incidents et isole les hétérogénéités ou incompatibilités de versions logicielles entre partenaires. Elle laisse aux opérateurs le choix de leur protocole ou de leur politique de sécurité, car elle gère l’interface entre eux. En situation de connexion bilatérale avec des liens directs, vous vous retrouvez en dépendance immédiate des choix de vos partenaires et contraints de vous aligner pour que cela fonctionne. Cela limite la liberté et l’indépendance des opérateurs et induit une propagation des aléas et incidents.

Une plateforme permet aussi de fluidifier les flux entre opérateurs, réalisant pour eux certaines opérations fastidieuses comme le filtrage des messages surnuméraires qui aide les opérateurs à mieux gérer leurs échanges et à diminuer leurs coûts.

Le modèle « plateformes » est une garantie d’indépendance de l’opérateur vis-à-vis de l’écosystème et de diminution des coûts d’opération.

De même, pour un opérateur, la liberté de contractualiser avec qui il le souhaite et aux conditions qu’il souhaite, nous parait une valeur majeure à défendre. Cette liberté est source de complexité : dans un écosystème où agissent des centaines d’opérateurs, les liens entre eux se comptent en milliers.

Chez GIREVE, nous pensons que défendre la liberté des opérateurs doit se traduire par la mise à disposition de solutions permettant de traiter et de masquer cette complexité. C’est ce que nous faisons avec notre place de marché en ligne, la Connect-Place, qui permet de conclure en ligne et en quelques clics des accords d’itinérance qui sont bien, et nous y tenons, des contrats bilatéraux. Cet outil permet à tout opérateur de gérer avec aisance ses relations avec l’ensemble des acteurs de l’écosystème. La Connect-Place a une vocation bien plus large que les seuls services d’itinérance de la recharge. Les nouveaux services déployés en 2019 permettant la réservation et la valorisation des sessions de recharge et les futurs services de GIREVE en exploiteront tout le potentiel.

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